Art of Shift

Thierry Malandain

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Malandain, ou la mémoire du sacré

Je prends la plume ici pour vous partager mon enthousiasme pour Thierry Malandain, danseur, chorégraphe français et actuel directeur du Centre chorégraphique national de Biarritz.

Thierry Malandain incarne pour moi la réconciliation entre des opposés et la recherche d’harmonie.

Son style chorégraphique est assumé comme néoclassique, avec des fondamentaux ancrés dans la tradition, la danse classique d’une part et une grande liberté dans l’exploration des mouvements contemporains d’autre part. De cette alliance entre la tradition et le contemporain, il tire une œuvre singulière dont il ne cesse de revisiter le sens.

Pour réussir cette prouesse, la musique et le son initient son mouvement.

Il dit lui-même « La musique est le ferment de la création ». Si chaque musique a un univers, et sur cet univers est calqué un style chorégraphique, Thierry Malandain porte une intention, celle de se décaler de l’évidence amenée par la musique, voire de dérouter.

Cette manière de concevoir son métier de créateur est marquée du sceau de l’humilité : l’humilité de créer en partant d’autres artistes, d’autres disciplines, en cherchant à comprendre le sens donné par ses pairs à leur œuvre. De ce terreau ou humus fertile crée par l’espace du collectif naît la possibilité d’une danse nouvelle et libre. En se confrontant à des musiques diversifiées, souvent difficiles, voire impossibles à danser, il utilise l’énergie ressentie pour créer SON mouvement.

C’est une approche puriste du geste de création où le chorégraphe n’a pas besoin d’être à l’origine de la création.

Celui-ci est davantage passeur, facilitateur, catalyseur d’un mouvement qui naît de soi, ou plutôt de quelque chose, d’un lieu, plus grand que soi – un héritage, un savoir, un passé ancien inscrit quelque part dans la mémoire de nos cellules. Thierry Malandain se consacre à donner vie à une œuvre complète, belle et sacrée, au seul bénéfice du spectateur.

« Ma culture, ma génétique est celle de la danse classique et sans complexe, j’y demeure attaché. Car si je reconnais volontiers que certains de ses codes artistiques et sociaux sont d’un autre temps, comme l’ADN présent dans toutes les cellules vivantes, transmis de génération en génération, il renferme des informations nécessaires au fonctionnement et au développement de la compagnie qui me tient lieu d’organisme. L’information portée par l’ADN peut se modifier au fil du temps. Cela aboutit à la diversité des espèces, à l’évolution. C’est pourquoi ma danse est le support de variations. Classique pour les uns, contemporain pour les autres, héréditairement néoclassique, je suis tout simplement  en recherche d’une danse que j’aime. Une danse qui ne laisserait pas seulement la trace du plaisir, mais qui renouerait avec l’essence du sacré comme une réponse à la difficulté d’être.»

Si Malandain observe sa compagnie de danse comme un organisme vivant fait de milliards de cellules vivantes, portant une ADN messagère de plusieurs générations, qu’en est-il des entreprises ? De quoi sommes nous les passeurs et les dignes créateurs ? Qu’apportons-nous aux générations futures ? Est-il possible d’imaginer un élan qui puisse prendre son essor d’un travail collectif, en équipe, où les énergies réunies peuvent donner naissance à des futurs meilleurs, libres et riches de diversité, d’exploration, sans jamais oublier d’où nous venons ?

Pantchika Van Houtte

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